Critiques… extraits de presse
« cette fusion de l’intime et du spatial est un thème constant chez Kermarc’heg et explique la banalité apparente de telle image "dune est femme de sable". Elle fonde surtout une véritable géographie érotique.(…)Toute image est pour lui bonne à prendre, il mélange les registre, varie la typographie pour mieux faire résonner un verbe expressionniste, au risque de provoquer…Mais son écriture va toujours vers ce discours immédiat qui était celui des premiers recueils… »
( Daniel Morvan, Kiosque. Ouest-France )
« Il est des livres qui font peu de bruit(…). Des paroles simples, qui ne dédaignent pas le dépouillement de l ‘aphorisme, ni la fascination d’un vide tout oriental que traverse un souffle de vie. »
( Malo Bouëssel du Bourg. Armor Magazine )
« (… ) Qu’on ne s’y trompe pas, pourtant. Son regard noir peut lancer des feux. Et quelle force, quelle puissance dans la voix quand il se met à déclamer des vers ! (…) Par sa diction parfaite, les silences qu’il savait mettre là où il fallait, sa façon de se déplacer sur la scène et dans la salle, il avait subjugué le public. »
( Yves Loisel, le Magazine. Le Télégramme )
« Pour parler de poésie, il faudrait être poète ; pour rendre compte de dessins il faudrait pouvoir peindre les impressions. Que faire alors ? Dire prudemment à quel point ces dessins, dont les traits font partie intégrante des vers ou aphorismes soufflés à l’auteur au gré de ses déambulations sur les dunes entre Cléder et Keremma, sont envoûtantes, sentent bon les embruns, les désirs d’amours attendues… Il s’agit d’une œuvre d’art, je ne puis que convier chaque lecteur à aller la découvrir, la déguster, lentement, l’œil grand ouvert, tous sens aux aguets : chaque pas ouvre sur un monde inconnu. »
( Gérard Cornillet. Revue Ar Men )
« La voix de Jean-Paul Kermarrec est sourde, âpre, virile, on dirait portée par les tumultes et les brûlures de la Création. Au centre de celle-ci, la Femme, non pas minaudière et frivole, mais cuite et recuite par la traversée d’une longue vie ; femme pareille à la paysanne de partout et à la vierge de Lespugue, chantée par le grand poète (inconnu), que fut Robert Ganzo.
Dévorante et griffée ,la voici béance et griffure, appelant le mâle, le repoussant ; épousant le ciel et la terre ; toujours à l’affût d’un plaisir ou d’un malheur ; orgasme perpétué, sans le temps d’y voir clair ; à la fois offerte, désespérée, toujours demanderesse.
On la rencontre pantelante et pure dans l’œuvre de ce rude trouvère qu’est Jean-Paul Kermarrec. Il la crée, la féconde, met en elle tous les pouvoirs de la chair et du songe. Qu’elle soit d’une ria, d’un aber ou d’un oued, jetée dans les dunes comme une amulette, touchant à l’oasis ou à la mer, on ne l’oublie plus.
Les poètes d’aujourd’hui n’ont plus que très exceptionnellement cette force, ce souffle, ce poumon incandescent qui brûle tout. »
(Charles Le Quintrec. Poètes de Bretagne, édition La Table Ronde)
Coups de coeur...
DITS DE LA RIVIERE de Jean-paul Kermarrec
Dans notre littérature, la poésie est au coeur d'un véritable scandale. Que pour un poète de la qualité de Jean-Paul Kermarrec il n'y ait pas un éditeur à s'y intéresser, les bras m'en tombent.
" Dits de la rivière" c'est son dernier recueil, en autoédition bien sûr. Chants de colère contre Monsieur l'préfet, contre Monsieur l'maire, contre le gars Gérrrard qui "plane en son cerveau" sur son "gros tracteur", ode aussi au Guillec cette rivière assassinée en son pays de Léon.
Rappelez-vous son poème "l'algérienne" c'est avec la même force qu'ici Jean-Paul chante sa colère : "Hymne au grand suicide,/ Symphonie herbicide, insecticide fongicide/ extra le Métam sodium extra le Trématon extra/ à mort les vers de terre les champignons tous les insectes/ à mort!"
Et écoutez cette langue superbe avec laquelle il nous met les mots à la bouche :
"Y a du reuz dans la mare aux grenouilles/ ça jargonne ça fulmine ça rumine ça clabaude/ ça dégoise ça radote ça graillonne ça nasille/ ça jaspine ça giberne ça bafouille ça pérore"
Et Jean-Paul a le sens de l'image. Il sait qu'il ne suffit pas de rassembler des mots de hasard pour donner sens au monde. Ecoutez encore : "Aujourd'hui la marée tisse une pluie de lin gris sur le lit du Guillec". Elle est là la pluie et vous coule sur la peau. Et aussi : "Le goéland sème sa neige dans l'azur de l'été." Et l'oiseau vous survole.
Laissez-vous étonner par ses ahurissantes énumérations du "Chant du fleuve", laissez-vous surprendre par les allitérations du "Le lit d'eau d'Adélie", laissez-vous émouvoir par "Mon père était pêcheur".
Si vous vous dites Tiens là dans ma bibliothèque il y aurait place pour des poèmes ne cherchez plus : Dits de la rivière de JP Kermarrec, vous pourrez l'insérer entre Verlaine et Eluard pour la musicalité de la langue, le placer juste à côté d'Apollinaire pour la justesse de ses images et le poser près de Prévert pour ses coups de colère.
Hervé Mesdon
(Revue DIGOR, N°3, Maison de la Poésie du Pays de Morlaix)
à l'écoute des DITS de la rivière de Jean-Paul Kermarrec
par Dominique L'Azou
Je me suis mis à l'écoute des Dits de la rivière et mon oreille a été charmée, même si ces chants ne sont pas tous bucoliques puisque la voix tonne parfois avec vigueur pour fustiger les pollueurs de tous poils (exemple la rivière étranglée), comme l'indique le sous-titre. il ya à la fois du souffle et de la retenue dans les textes, une grande variation de tons et de thèmes, de rythmes aussi. Quand on sait que la poésie c'est peut-être avant tout une musique et donc un rythme (il y excelle) et c'est pourquoi, très évocatrice à l'oeil du lecteur, elle peut gagner à s'énoncer à haute voix, comme il le fait à l'occasion. Il alterne volontiers des textes presque classiques (alexandrins, vers rimés) et d'autres plus libres où s'épanouit son sens de la fantaisie. Il joue beaucoup avec les mots, à la limite du délire (dé-lyre -ô poète, prends ton luth, et dis-nous ta folie, celle de l'homme qui voit ce qui est devenu invisible au commun, la preuve : le dit de la voyante), brandissant l'humour comme un étendard contre le conformisme et la béatitude consumériste ! et puis il s'offre même, malgré son "âge" (!) quelques envolées lyriques amoureuses (voyons : l'amour est éternel !).
Parmi ces poèmes si je devais donner mes préférences je retiendrais "aujourd'hui la marée" (je connais bien l'endroit qu'il restitue avec une grande justesse), "Regarde" (poème très évocateur dans sa simplicité, celle d'un Verlaine ou d'un Francis Jammes), "Chants des bords de boue" (à la narration si sonore), "Le lit d'eau d'Adélie" (assonances et allitérations mêlées, comment ne pas penser à Boby Lapointe ?), "Avant que tu n'ailles" (pour l'énergie qui s'en dégage), "Et toi poète le sais-tu" (exemple, s'il en fallait, d'une belle alliance du fond et de la forme), "Et puis ta main coulée de lièvre" (comment mieux dire l'amour, à dire vrai ?), "écorchures"...Pour terminer je citerai quelques vers contenant des images poétiques aussi dignes d'être immortalisées que celles de nos grands poètes :
« cette fusion de l’intime et du spatial est un thème constant chez Kermarc’heg et explique la banalité apparente de telle image "dune est femme de sable". Elle fonde surtout une véritable géographie érotique.(…)Toute image est pour lui bonne à prendre, il mélange les registre, varie la typographie pour mieux faire résonner un verbe expressionniste, au risque de provoquer…Mais son écriture va toujours vers ce discours immédiat qui était celui des premiers recueils… »
( Daniel Morvan, Kiosque. Ouest-France )
« Il est des livres qui font peu de bruit(…). Des paroles simples, qui ne dédaignent pas le dépouillement de l ‘aphorisme, ni la fascination d’un vide tout oriental que traverse un souffle de vie. »
( Malo Bouëssel du Bourg. Armor Magazine )
« (… ) Qu’on ne s’y trompe pas, pourtant. Son regard noir peut lancer des feux. Et quelle force, quelle puissance dans la voix quand il se met à déclamer des vers ! (…) Par sa diction parfaite, les silences qu’il savait mettre là où il fallait, sa façon de se déplacer sur la scène et dans la salle, il avait subjugué le public. »
( Yves Loisel, le Magazine. Le Télégramme )
« Pour parler de poésie, il faudrait être poète ; pour rendre compte de dessins il faudrait pouvoir peindre les impressions. Que faire alors ? Dire prudemment à quel point ces dessins, dont les traits font partie intégrante des vers ou aphorismes soufflés à l’auteur au gré de ses déambulations sur les dunes entre Cléder et Keremma, sont envoûtantes, sentent bon les embruns, les désirs d’amours attendues… Il s’agit d’une œuvre d’art, je ne puis que convier chaque lecteur à aller la découvrir, la déguster, lentement, l’œil grand ouvert, tous sens aux aguets : chaque pas ouvre sur un monde inconnu. »
( Gérard Cornillet. Revue Ar Men )
« La voix de Jean-Paul Kermarrec est sourde, âpre, virile, on dirait portée par les tumultes et les brûlures de la Création. Au centre de celle-ci, la Femme, non pas minaudière et frivole, mais cuite et recuite par la traversée d’une longue vie ; femme pareille à la paysanne de partout et à la vierge de Lespugue, chantée par le grand poète (inconnu), que fut Robert Ganzo.
Dévorante et griffée ,la voici béance et griffure, appelant le mâle, le repoussant ; épousant le ciel et la terre ; toujours à l’affût d’un plaisir ou d’un malheur ; orgasme perpétué, sans le temps d’y voir clair ; à la fois offerte, désespérée, toujours demanderesse.
On la rencontre pantelante et pure dans l’œuvre de ce rude trouvère qu’est Jean-Paul Kermarrec. Il la crée, la féconde, met en elle tous les pouvoirs de la chair et du songe. Qu’elle soit d’une ria, d’un aber ou d’un oued, jetée dans les dunes comme une amulette, touchant à l’oasis ou à la mer, on ne l’oublie plus.
Les poètes d’aujourd’hui n’ont plus que très exceptionnellement cette force, ce souffle, ce poumon incandescent qui brûle tout. »
(Charles Le Quintrec. Poètes de Bretagne, édition La Table Ronde)
Coups de coeur...
DITS DE LA RIVIERE de Jean-paul Kermarrec
Dans notre littérature, la poésie est au coeur d'un véritable scandale. Que pour un poète de la qualité de Jean-Paul Kermarrec il n'y ait pas un éditeur à s'y intéresser, les bras m'en tombent.
" Dits de la rivière" c'est son dernier recueil, en autoédition bien sûr. Chants de colère contre Monsieur l'préfet, contre Monsieur l'maire, contre le gars Gérrrard qui "plane en son cerveau" sur son "gros tracteur", ode aussi au Guillec cette rivière assassinée en son pays de Léon.
Rappelez-vous son poème "l'algérienne" c'est avec la même force qu'ici Jean-Paul chante sa colère : "Hymne au grand suicide,/ Symphonie herbicide, insecticide fongicide/ extra le Métam sodium extra le Trématon extra/ à mort les vers de terre les champignons tous les insectes/ à mort!"
Et écoutez cette langue superbe avec laquelle il nous met les mots à la bouche :
"Y a du reuz dans la mare aux grenouilles/ ça jargonne ça fulmine ça rumine ça clabaude/ ça dégoise ça radote ça graillonne ça nasille/ ça jaspine ça giberne ça bafouille ça pérore"
Et Jean-Paul a le sens de l'image. Il sait qu'il ne suffit pas de rassembler des mots de hasard pour donner sens au monde. Ecoutez encore : "Aujourd'hui la marée tisse une pluie de lin gris sur le lit du Guillec". Elle est là la pluie et vous coule sur la peau. Et aussi : "Le goéland sème sa neige dans l'azur de l'été." Et l'oiseau vous survole.
Laissez-vous étonner par ses ahurissantes énumérations du "Chant du fleuve", laissez-vous surprendre par les allitérations du "Le lit d'eau d'Adélie", laissez-vous émouvoir par "Mon père était pêcheur".
Si vous vous dites Tiens là dans ma bibliothèque il y aurait place pour des poèmes ne cherchez plus : Dits de la rivière de JP Kermarrec, vous pourrez l'insérer entre Verlaine et Eluard pour la musicalité de la langue, le placer juste à côté d'Apollinaire pour la justesse de ses images et le poser près de Prévert pour ses coups de colère.
Hervé Mesdon
(Revue DIGOR, N°3, Maison de la Poésie du Pays de Morlaix)
à l'écoute des DITS de la rivière de Jean-Paul Kermarrec
par Dominique L'Azou
Je me suis mis à l'écoute des Dits de la rivière et mon oreille a été charmée, même si ces chants ne sont pas tous bucoliques puisque la voix tonne parfois avec vigueur pour fustiger les pollueurs de tous poils (exemple la rivière étranglée), comme l'indique le sous-titre. il ya à la fois du souffle et de la retenue dans les textes, une grande variation de tons et de thèmes, de rythmes aussi. Quand on sait que la poésie c'est peut-être avant tout une musique et donc un rythme (il y excelle) et c'est pourquoi, très évocatrice à l'oeil du lecteur, elle peut gagner à s'énoncer à haute voix, comme il le fait à l'occasion. Il alterne volontiers des textes presque classiques (alexandrins, vers rimés) et d'autres plus libres où s'épanouit son sens de la fantaisie. Il joue beaucoup avec les mots, à la limite du délire (dé-lyre -ô poète, prends ton luth, et dis-nous ta folie, celle de l'homme qui voit ce qui est devenu invisible au commun, la preuve : le dit de la voyante), brandissant l'humour comme un étendard contre le conformisme et la béatitude consumériste ! et puis il s'offre même, malgré son "âge" (!) quelques envolées lyriques amoureuses (voyons : l'amour est éternel !).
Parmi ces poèmes si je devais donner mes préférences je retiendrais "aujourd'hui la marée" (je connais bien l'endroit qu'il restitue avec une grande justesse), "Regarde" (poème très évocateur dans sa simplicité, celle d'un Verlaine ou d'un Francis Jammes), "Chants des bords de boue" (à la narration si sonore), "Le lit d'eau d'Adélie" (assonances et allitérations mêlées, comment ne pas penser à Boby Lapointe ?), "Avant que tu n'ailles" (pour l'énergie qui s'en dégage), "Et toi poète le sais-tu" (exemple, s'il en fallait, d'une belle alliance du fond et de la forme), "Et puis ta main coulée de lièvre" (comment mieux dire l'amour, à dire vrai ?), "écorchures"...Pour terminer je citerai quelques vers contenant des images poétiques aussi dignes d'être immortalisées que celles de nos grands poètes :